"Mon appartenance est multiple. Algérien certes, j'en ai conservé une forme de vie et une langue riche mais non reconnue à ce jour par le pouvoir : le dialecte algérien.
De culture arabo-musulmane, ce qui constitue poru moi un repère géopolitique indéniable.
Berbère aussi, mais cette fois de la région des Aurès, dont j'ai hérité de la culture des montagnes.
Occidental bien évidemment, j'ai assimilé la pensée cartésienne, le modernisme aussi.
Aujourd'hui, je vis en France; je suis marié à une sénégalaise et j'ai une petite fille.
Autant d'espoirs et d'ouvertures vers d'autres horizons. C'est toute cette diversité qui m'aide à réfléchir à mes films. Mais de part et d'autre, je me retrouve confronté à bien des contradictions, à bien des diktats. L'occident m'encourage à créer mais subventionne de préférence les films qui répondent à ses critères et à ses fantasmes. De l'autre côté de la mer, l'Algérie, mon pays, voudrait me dicter sa pensée nationaliste et idéologique.
Il m'incombe alors d'affirmer mes diverses appartenances, de reconnaître mes territoires. Mais il me faut les confronter, les croiser, les fusionner parfois, les remettre même en question, avant de porter un nouveau regard, de construire uen nouvelle pensée, mixte, multiple et au final peut-être plus riche.
Beaucoup de mes titres de films sont au pluriel, pour montrer la pluralité des voix qui existe en Algérie. Parfois des parenthèses aussi. Pour montrer la cohérence des choses, l'indivisibilité, la cohésion de ce peuple, même si certains ont toujours voulu diviser pour mieux régner."