Son peuple la surnomme "Ka-li-la-wato", ccelle qui nous rend heureux.
Membre de la nation Abénaki, Alanis Obomsawin naît et passe son enfance dans la réserve d'Odonak, située à quelques 113 km au nord-est de Montréal. Elle y vit jusqu'à l'âge de neuf ans, quand ses parents déménagent à Trois -Rivières. La transition du milieu rural au milieu urbain s'avère très difficile car, en plus d'être coupée de son milieu naturel, elle ne parle ni anglais ni français.
Au début des années 60, Alanis Obomsawin commence à se faire connaîitre par ses chansons et sa façon de raconter des histoires; elle s'efforce de préserver et maintenir l'histoire et la culture des peuples amérindiens du Canada. En 1960, elle débute au "Town hall", à New york. On peut également la voir à l'émission "Sesame street" et à travers de nombreuses tournées au Canada, aux Etats-Unis et en Europe.
En 1967, l'Office National du Film du Canada lui demande d'agir en tant que conseillère pour un film sur les autochtones. Depuis lors, elle partage son temps entre les spectacles et la réalisation ainsi que la production de films. Elle réalise et produit de nombreux films fixes et y compose deux ensemble multi-média, "Nanowan" et "Liliwat", en coopération avec différentes nations indiennes. Avec l'aide d'une caméra et d'un magnétophone, elle a créé un lien entre son peuple et les enfants d'innombrables écoles. En particulier, elle réalise et produit "Sounds from our people", une série de six émissions destinées à la télévision éducative canadienne. Puis à l'ONF, elle produit, réalise et scénarise documentaires sur documentaires, "pour que nos peuples aient un endroit où se faire entendre, pour montrer et faire comprendre l'injustice faite à nos gens". Une diziane de films pour cette cinéaste amérindienne qui mène son combat sur plusieurs fronts : films, conférences d'écoles en universités, concerts...
En 1983, le gouverneur général du Canada lui remettait l'insigne de l'ordre du Canada, un des plus grands honneurs conféres aux canadiens éminents.
En 1979, le Festival de Douarnenez était consacré aux Nations indiennes en Amérique du nord, nous avions programmé son film "Mère de tant d'enfants". En 1990, en rendant hommage à la cinéaste, c'est aussi à ces peuples amérindiens et inuits dont elle a dit : "Quelle que soit l'oppression que l'on subit, c'est à nous de décider ce qui devrait être fait. le changement doit venir de l'intérieur. mais il y a beaucoup de racisme. On gagne sûrement à se faire connaître : on n'est pas juste des alcooliques!"
Notre hommage rencontre l'actualité dramatique des amérindiens au Québec, cet été 1990.