Ce sont d'ex-détenus qui nous ont les premiers montré les images réalisées avec la complicité d'Anne Toussaint, à la Maison d'Arrêt de la Santé. Grâce à eux tous, nous avons pu poursuivre plus loin le voyage, "de l'autre côté" des murs d'un univers carcéral le plus souvent silencieux et invisible. L'idée de "déplacer le regard" s'est imposée assez vite. Nous irions donc voir comment on nourrit son regard en prison, comment l'on y filme, de quelles images on y rêve.
Dès les années 70, quelques passeurs d'images, à la fois pudiques et obstinés, Hélène Châtelain, Renaud Victor, sentaient déjà la nécessité de tourner en prison. Leurs images sont à jamais gravées au coeur de cette réflexion sur l'univers carcéral. D'autres documentaristes, engagés et incisifs, nous ont permis de diversifier cette approche. Enfin, toute la sensibilité et la détermination d'Anne Toussaint, aux côtés de détenus apprentis réalisateurs, nous permettent d'élargir ces regards croisés sur la prison.