Le temps des Gitans / (Dom Za Vesanje)

2013

Yougoslavie / Fiction / 1998 / 2h22 / 35 mm / Couleur / VOST / français

EMIR KUSTURICA

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Scénario : Emir Kusturica, Gordan Mihic
Image : Vilko Filac
Montage : Andrija Zafranovic
Son : Srdjan « serge » Popovic, Ivan Zakic
Musique : Goran Bregovic
Avec : Davor Dujmovic, Bora Todorovic, Ljubica Adzovic, Husnija Hasimovic, Sinolicka Trpkova, Elvira Sali
Production : Ljubavny Film,
Forum Sarajevo, Television of Sarajevo
Distribution : Park Circus

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Prix de la mise en Scène, Festival de Cannes, 1989

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Le Temps des Gitans, est l’occasion de revoir l’un des plus beaux films du réalisateur serbe: un film très construit, flamboyant dans ses détails et sa dramaturgie, et bien loin de la fausse bonne humeur qu’on lui porte.

Après avoir hésité entre le documentaire et la fiction pure, Kusturica choisit de tourner un film dans le décor de toutes les républiques de Yougoslavie. Le scénario en est complexe : Perhan est le fruit naturel d’un soldat slovène et d’une Tzigane, vestige moderne de guerres européennes et claniques. Il vit dans un village dont la pauvreté n’est jamais sublimée ou masquée par un quelconque esthétisme trop fouillé. Le Temps des Gitans reste d’ailleurs à ce jour l’un des seuls films presque entièrement tournés en rromani, la langue tzigane.

Convoquant les ombres tutélaires de Fellini, de Chaplin, mais aussi de Tarkovski – la séquence de la fête de la Saint George s’inspire de la célébration païenne d’Andrei Roublev – Kusturica met en place un édifice formel extrêmement élaboré.

Pourtant, loin de n’être qu’une compilation référentielle le film trouve sa propre voie dans un "réalisme magique" fortement influencé par la littérature latino-américaine. À la fois burlesque et mélodramatique, c’est une oeuvre généreuse et totalement décomplexée, un grand fourre-tout où la vie la plus exubérante emporte tout sur son passage. Sans oublier que le film n’aurait pu se faire sans l’apport des Tsiganes qui ont été associés à l’oeuvre, tant pour la langue que pour de nombreuses séquences liées à la culture.
Il paraît presque inconcevable qu’un réalisateur de cette trempe, tellement brillant quand il s’agit de raconter une histoire, se rende à ce point coupable d’obscurantisme. Si ce sont ses mouvements de caméra, il a prouvé qu’il était un maître. Si c’est la politique, alors il en devient dangereux. La provocation s’arrête quand le propos devient systématique, et qu’elle excuse la mort des hommes. Emir Kusturica est une nouvelle preuve vivante que l’oeuvre, la vraie, est souvent plus grande que son auteur. Nous en reparlerons abondamment au moment du Festival

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