Aurora

La cuisine d’un appartement : un couple parle du petit chaperon rouge à voix basse, de peur de réveiller la petite fille dans la chambre d’à côté. Un terrain vague dans la banlieue de Bucarest, un homme observe en silence une famille. La même ville. Le même homme. Il transporte deux percuteurs pour fusil de chasse faits maison. Il a 42 ans, il se nomme Viorel. Il traverse la ville vers une destination que lui seul connaît.
Aurora fait partie du cycle des « Six histoires de la banlieue de Bucarest », que Cristi Puiu a inauguré avec La Mort de Dante Lazarescu en 2004. Les techniques documentaires utilisées à la perfection, donnent à ce film une tension remarquable pour créer un lien étrange entre le spectateur et le criminel, interprété par le réalisateur. L’étrangeté du personnage, l’absence de toute séduction filmique, de tout spectaculaire, les non-dits, la prise directe du son, l’austérité narrative et esthétique, font qu’il ne s’agit pas d’un film facile, mais d’une oeuvre qui évoque la trajectoire d’homme ordinaire qui se mue en meurtrier en série. Le mystère d’un acte.