Coups de chapeau à Christophe de Ponfilly

Nous avions consacré un « Coup de chapeau » à Christophe de Ponfilly en 2001, avec la programmation d'une dizaine de ses documentaires, et sa grande silhouette avait traversé nonchalamment la Place du Festival pendant plusieurs journées.

« Je vous attendrais pour en reparler à la buvette » disait-il à la fin des débats en salle, après chaque projection de ses films. Et il était au rendez-vous, ouvert et disponible, sourire en coin et coeur sur la main. Pendant les nuits, nous avions débattu inlassablement du rôle mortifère de la télévision, du danger que courrait Massoud, de l'inertie et de la duplicité de certains media occidentaux.

C'était la fin août, Massoud serait assassiné deux semaines plus tard. Au grand désespoir de Christophe, qui regardait avec une immense amertume son film Massoud l'Afghan, jusqu'alors boudé de beaucoup, reprendre vie sur tous les écrans de France, alors qu'on enterrait le Lion du Panshir, à qui il vouait une amitié indéfectible.

Christophe, c'était cette passion de l'Afghanistan que vous aviez pu découvrir dans Le combattant de l'insolence, Nos années afghanes et ce beau portrait de Massoud, ou le réalisateur se livrait entièrement. C'était 25 ans après ses débuts sur les pistes caillouteuses, un film de fiction, L'étoile du soldat, qu'il venait d'achever après trois ans d'un tournage épuisant.

C'était encore de beaux bijoux de films, tendres et humains, comme Par un bel été russe, Monsieur le Rabbin... ou Chroniques des hauts plateaux et ses militants gouailleurs et drôles.

Documentaires éclectiques, mais que reliait la même tendresse pour ses personnages, et un vrai talent d'écoute. Il avait une façon bien à lui de parler de « moments précieux »...
Christophe de Ponfilly, c'est encore pour nous ce supplément d'âme qu'il traquait sans relâche, cette bataille sans trêve pour « extraire du tourbillon d'images et de sons » ce qui avait à ses yeux valeur exemplaire, mais aussi son immense désespoir, et la vérité, comme une claque, de son suicide.

Seules ses images peuvent nous consoler...

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